L’itinéraire d’un rêve osé

Prendre le chemin entrepreuneurial pour concrétiser son rêve

Le courage est le juste milieu entre la peur et l’audace

Il n’y a pas de pire injustice que de traiter également des choses inégales.

Là où votre talent et le besoin du monde se rencontrent, là se trouve votre vocation

Aristote

En 2019 je m’apprête à fêter mes 50 ans et je sens que mon rêve professionnel me presse d’enclencher un grand changement dans ma vie. Je veux créer ma boîte et concrétiser ce projet auquel je me prépare depuis 11 ans. Continuer à accompagner les personnes et les entreprises mais autrement, alignée à mes valeurs, de manière créative, en créant du lien et des liens entre les personnes et les disciplines. Il est temps pour moi de passer à l’acte et mettre mon énergie et mon profil singulier au service des transformations profondes qui s’annoncent dans le travail. Idjinov est née en mars 2020 et je veux célébrer ce premier anniversaire avec vous. Vous transmettre l’enthousiasme qui est le mien dans cette aventure aux multiples rebondissements.

Voilà comment tout a commencé :

UN DÉFI PERSONNEL ET PROFESSIONNEL

Nous sommes en août 2019 et c’est en marchant aux côtés d’Anne Finot et Philippe Castan lors d’une randonnée guidée et thématique sur la « joie au travail » organisée par La Fédération Francophone des Coachs Professionnels que j’ai le déclic.

Je sens depuis longtemps cette tension entre le désir de vivre librement mon métier et cette conscience que nous arrivons à la fin d’un cycle dans notre humanité. Une crise profonde s’annonce, nous le savons. Écologique, économique, sociologique, éthologique, numérique qui va profondément changer le monde du travail. Qui va s’en occuper ? Comment cela va impacter nos relations professionnelles ? Comment créer les conditions qui permettent l’égal accès de tous et toutes à la qualité de vie au travail ?

En 2020, j’ai 50 ans, je suis une femme au parcours et au profil atypique et je décide consciemment de passer à l’acte, défiant tous les préjugés. Je deviens cheffe d’entreprise. J’accompagne les entreprises et les personnes dans leur singularité, à transformer et améliorer leur qualité de vie et de coopération professionnelles. Je voulais être actrice de cette transformation du travail en une œuvre collective pour les organisations et l’œuvre de toute une vie professionnelle pour les personnes.

Et me souviens m’être également dit que réaliser mon rêve serait aussi un bel exemple de combativité et de résilience pour mes filles. Tout comme pour toutes ces personnes qui se sentent différentes ou qui ont le sentiment d’être isolées des collectifs de travail du fait de leur caractéristiques personnelles ou de leur fonction.

UNE HISTOIRE DE RENCONTRES

Comme un effet miroir, mon désir d’alignement intérieur provoque alors l’alignement parfait des conditions de cette réussite. Les rencontres et les alliances magiques me boostent, et me donnent l’énergie nécessaire et les ressources pour développer mon business .

La formation à la création d’entreprise à la Maison des professions libérales du Grand Ouest a été d’un appui considérable. J’y ai appris à pitcher, à communiquer simplement et de façon linéaire ma vision. C’est grâce à la MPL que je rencontre également Mélanie Visomblain qui croit en mon projet et qui devient mon experte comptable. Je me souviens de son énergie boostante lors de son accompagnement pour réaliser mon business plan.

Je rejoins rapidement  la Fédération EMCC  (European Mentoring & Coaching Concil ) et  rejoins l’équipe de coachs solidaires. Le cadre ultra-professionnel et les valeurs de la fédération me correspondent, me portent et me garantissent à mon tour la juste posture dans mon activité de coaching. J’y rencontrerai ensuite mon superviseur Eric Mercier.

J’intègre l’espace de coworking La Serre à Plougastel-Daoulas à l’automne, où mon projet va maturer. Je tisse des liens professionnels enrichissants avec des indépendant·e·s agissant dans des secteurs d’activités fort différents du mien.

Je me nourris de ces rencontres et de rendez-vous réseau pour m’inspirer, étudier le marché et structurer mon projet entrepreneurial.

Une des rencontres magiques de ces premiers temps c’est celle de Béatrice Pasquer avec qui je vais construire ma communication web. Formée comme moi à l’Institut Repères elle est aussi coach professionnelle et dirige l’Agence web Caliago.

Nous avons partagé des moments d’émulation, de coopération et de synchronisation dans le travail de conception de mon site qui s’est fait totalement à distance. C’était la preuve qu’on peut être à la fois très éloigné géographiquement, se voir une seule fois et construire une proximité relationnelle et psychologique très forte.

Et puis l’épidémie surgit 15 jours après la création d’idjinov

Mais me souviens de ne pas avoir du tout eu ce sentiment de sidération dont on parlait et je me souviens très bien de me dire dans ma petite voix : « Eh bien j’avais bien dit quelque chose allait arriver et transformer le travail ! Pour moi et mon offre de service ça ne vas pas changer grand-chose, au contraire l’usage du numérique et l’accompagnement à distance vont mieux me différencier sur le marché , et en plus le télétravail ça fait 15 ans que je le pratique avec une dizaine d’accompagnement d’entreprises à mon actif ».

Des heureux hasards m’amènent encore de belles rencontres sur mes thèmes de prédilection : le télétravail et le management à distance, l’égalité professionnelle, la pensée visuelle, le neuroatypisme etc. Comme si la vie me disait régulièrement « vas-y continue, tu es sur le bon chemin ».

Je pense à Rebecca Ricchi, sa belle voix et son podcast sur le codéveloppement professionnel et la prévention du stress au travail. A Béatrice Lhuiler et ses 45 jours de sketchnoting qui ont créé tant le liens.

Je pense aussi aux matinales enchantées de Kaapala animé par Arnaud Pottier-Rossi, l’as de l’icebreaking qui m’a entraînée dans l’association Crea-France. Et tant d’autres encore…

Créer son business c’est à la fois une histoire de rencontres mais c’est aussi une histoire d’usages, de boîte à outils et d’objets magiques.

TRAVAILLER AVEC LES BONS OUTILS

Si je dois lister les outils qui ont permis la concrétisation de mon rêve et l’alignement avec cette période de bouleversement du travail je dirais qu’il y en a eu 4 :

  • Les outils numériques pour travailler à distance
  • La pensée visuelle et la facilitation graphique
  • Mes petits carnets de citations et de pensées
  • Les marches en forêt et la méditation

Le télétravail devient un sujet populaire, tout le monde en parle et l’expérimente sans que les entreprises et les personnes n’en connaissent ni la définition ni les conditions de succès ni même son cadre légal. Je me rends compte alors que mon expérience avec Zoom, Klaxoon et Squaremeeting sont des atouts dans ce contexte de crise.

J’investis également dans une tablette et poursuis mes expériences de facilitation graphique avec mes complices Véronique Boyet, Catherine Trebaol et Françoise Carboulec. La facilitation graphique et la pensée visuelle sont mes premiers outils privilégiés dans la structuration de mon offre et la vision de mon entreprise. Au tout début de l’aventure idjinov mon bureau était inondé de post-it et de dessins colorés !
J’ai même soutenu mon projet à la banque avec une sketchnote. Ça me permettait de structurer mon propos et de rendre visible la spécificité de la pensée visuelle que j’intègre dans les accompagnements. Ce fut un succès auprès de mon banquier et de ma comptable !

Je n’ai pas pour autant oublié ni renié l’écrit, au contraire, car depuis le début de l’aventure idjinov j’ai deux petits carnets de notes qui sont un réel soutien.
Dans le premier, mon carnet rouge, j’y ai consigné les citations qui m’inspiraient et me portaient. Mes premières idées pour le nom de mon entreprise et toutes les réflexions qui m’assaillaient de jour comme de nuit. Puis une fois l’aventure lancée, ces quelques mois après le dépôt des statuts, pendant le confinement, j’ai ouvert le petit carnet bleu pour les émotions difficiles, mes douleurs, mes peurs, mes craintes. C’est important car le cheminement de la création d’entreprise est parfois douloureux et le contexte de crise m’a fait pressentir ce qui se dessinait dans la qualité de vie au travail et les inégalités qui allaient de nouveau croître.

Mon équilibre à moi je l’ai souvent retrouvé grâce à la méditation et la marche, mes ami·e·s et mes filles.

Je me souviens de marcher dans la forêt chaque jour pour retrouver harmonie et créativité. C’est d’ailleurs dans la forêt que j’annonce la création d’idjinov décembre 2019 à mon réseau. Je l’ai fait de façon très spontanée, c’était fluide. La vidéo, LinkedIn sont des outils que j’utilise depuis bien longtemps et que j’ai pu mobiliser au service de mon projet. Et Hop 5525 vu sur LinkedIn !

La connexion à la nature est une ressource fondamentale , elle a structuré l’univers graphique d’idjinov qui en est d’ailleurs largement inspiré.

INNOVER ET GARDER LE CAP POUR UNE OFFRE DE SERVICE UNIQUE

L’aventure d’une création d’entreprise c’est un mélange d’excitation, d’efforts, d’illusions, de méthodes de sérendipité et de beaucoup de sueur. Se former, construire son offre, trouver un nom, fixer ses prix, communiquer, toucher sa cible, réaliser des lancements qui fonctionnent, maintenir son alignement, bien s’entourer et être heureux.euse : tout un projet de vie !

Trouver un nom

Cela a été la source de grandes discussions avec mon ami et confrère Jean-François Robin et une grande prise de tête pour moi. N’est-ce pas là l’un des questionnements spécifiques des personnes racisées? Je m’appelle Hélène Djiga et mon nom de famille est malien. J’ai opté pour un nom d’entreprise différent pour prévenir la discrimination islamophobe et pouvoir laisser leur place à de futur·e·s collaborateur·rice·s. J’ai raconté la construction du nom d’Idjinov ici. C’est un hommage au métissage et aux méthodes innovantes que je valorise.

Je me souviens que c’est en décembre 2019 que j’ai créé l’univers coloré d’idjinov inspiré de la nature et puis aussi inspiré de peut-être la Serre où j’étais hébergée. Il était aussi important de ne pas prendre une couleur genrée. C’est une invitation à la connexion au monde vivant et terrestre des systèmes humains.

Il évoque pour moi la vie, l’espérance, la créativité et il y a beaucoup de jaune pour le dynamisme et la créativité.

Me former

Pour arriver à proposer une offre juste et qualitative je continue de suivre de nombreuses formations. Cela fait partie du cadre déontologique des coachs professionnels et aussi une exigence pour les organisme de formation comme Idjinov qui sont datadockés et bientôt qualiopi.

J’ai suivi une formation certifiante pour les interventions individuelles et collectives avec l’approche  systémique de manière à professionnaliser mes accompagnements sur des problématiques relationnelles. Je me souviens avoir démarré mon premier coaching « bref » systémique à distance un mois avant le premier confinement et obtenir la certification début 2020.

S’engager, être généreuse et récolter les fruits

La conférence que j’ai organisée pour l’association Axiohom sur la douance au travail est un réel succès et une interview pour Bretagne Économique sur le sujet Management et RSE renforce ma visibilité sur le territoire.

On parle dans la presse d’idjinov créé seulement deux jours plus tôt. C’est réjouissant et prometteur pour un début.

En février nous préparons le lancement d’e-randodev© une offre de service innovante que nous préparons depuis 3 mois avec Jean-François Robin puis nous organisons des after work à Landivisiau à l’espace de coworking La Sphère ainsi qu’à La Serre. C’était le 12 mars 2020, il y avait 8 ou 9 participant.es et je me souviens de l’appel de ma fille paniquée, alors que nous avions les mains dans le bol de chips. Je me souviens très bien que lorsque cet événement arrive, en réalité comme je vous l’ai dit, j’y suis préparée. J’ai vu la crise arriver en suivant les informations internationales. J’en ai profité pour me réaligner, me recentrer sur moi et garder confiance, patienter.

Dans ce cadre intense en bouleversements, je vais concevoir et animer de manière solidaire la conférence « Télétravail en mode confiné ». J’appelle rapidement les personnes de mon réseau Estelle Gournay avocate au cabinet Barthélémy Avocats, Caroline Rullier chercheure Maitre de conférence à l’IGR et puis Joanna Catelain, RH chez Media Courtage pour témoigner de leur expérience. La mise à profit de cette compétence dans mon offre de service autour du télétravail et des outils digitaux va participer à la mise en visibilité de mon site.

La confiance et le soutien de partenaires comme la CCI de Morlaix et de l’ANDRH vont être aussi déterminants pour mon lancement. Au printemps arrivent mon premier coaching de dirigeante d’entreprises.

Dans ces débuts il y a bien évidemment des expériences de réussite et d’autres expériences plus douloureuses, du stress, des déceptions, des sacrifices, des ruptures, des moments de doute.Cette première année fut donc un condensé d’expériences formatrices, difficiles ou joyeuses qui m’ont permis de lancer mon activité malgré un contexte peu favorable à la création d’entreprise, précisément grâce à une longue et lucide préparation.

LA CRISE COMME INVITATION A FAIRE AUTREMENT

Les conditions optimales de conception du site donnent un résultat réjouissant. L’ouverture du site d’idjinov a lieu le 7 avril 2020, et comptabilise 1975 vues le premier mois.

En recentrant mon offre sur les interventions à distance je valorise ma différence en me rendant unique.

Je réponds aux besoins de mes clients. Mon fournisseur Klaxoon repère mes usages qu’il valorise avec article et vidéo. Mes formations ont du succès et les premiers clients en coaching signent au printemps.

Toutes les prospections et devis que je propose à la sortie du premier confinement sont acceptés. J’assume pleinement la valeur ajoutée de mon offre de service. Mon activité se développe de mois en mois et je pense tenir les objectifs de mon business plan pour ce premier exercice.

Ce chemin entrepreneurial en période de confinement est assorti de grands apprentissages personnels car pour devenir cheffe d’entreprise j’ai compris qu’il fallait aussi apprendre à faire seule, à se détacher du jugement ou du regard des autres. Ce cheminement solitaire a été un levier de développement personnel.

J’ai appris à ralentir, à observer, à ne plus m’engager trop rapidement dans la relation à l’autre pour écouter, respecter et mieux gérer mon hypersensibilité et mon neuroatypisme.

Cette année 2020 a été une année de maturation vers l’indépendance et la liberté. Il me fallait un confinement pour identifier mes besoins profonds, les respecter afin de pouvoir me soutenir et être soutenue par un écosystème harmonieux.

Je vous ai partagé ce parcours car je crois en la force de l’exemplarité. Quel que soit le contexte, votre secteur d’activité, votre sexe, votre origine, la couleur de votre peau, votre âge, vos capacités ou ce que vous pensez être, vos handicaps : tous les succès sont possibles. Les périodes de crise et de transitions permettent le changement et nous devons croire à nos rêves, à la joie d’entreprendre et aux systèmes humains vertueux.

 

“Jouer petit ne sert pas le monde. Nous nous demandons : qui suis-je pour être brillant, merveilleux, talentueux, fabuleux ? En fait, qui sommes-nous pour ne pas l’être ? Jouer petit ne sert pas le monde. Se rétrécir devant les autres pour qu’ils ne se sentent pas en insécurité ne fait pas preuve d’une attitude éclairée. Nous sommes tous voués à briller, comme le sont les enfants”. Nelson Mandela